Le dispositif est à l’essai sur 50 palmiers — Ville de Mandelieu
-La ville de Mandelieu, sur la Côte d’Azur, teste un dispositif de lutte contre le charançon rouge du palmier basé sur des capteurs sismiques.
-Le détecteur, installé pour le moment sur 50 arbres, reconnaît les « mouvements de cisaillement des fibres internes du végétal par les larves », à un stade où le palmier peut encore être sauvé.
-La commune envisage de déployer le système sur l’ensemble de ses palmiers si le test est concluant, cette méthode étant moins coûteuse qu’un traitement à l’aveugle généralisé.
Ils ont poussé sur 50 Phœnix Canariensis et aussi des Washingtonia de Mandelieu. En hauteur, directement sur les troncs, de petits appareils surveillent en fait l’intérieur de ces arbres menacés. Pour lutter contre le charançon rouge, un parasite classé danger sanitaire de première catégorie et qui décime les palmiers du littoral français depuis une dizaine d’années, cette commune des Alpes-Maritimes teste depuis un mois un dispositif « unique en France », basé sur des capteurs sismiques.
« En plus de pièges de capture à base de phéromones [7.400 insectes ont été prélevés en l’espace de six mois], nous dépensons actuellement des dizaines de milliers d’euros par an pour des traitements préventifs [à base de nématodes] sur l’ensemble des arbres, à l’aveugle », se désole Sébastien Leroy, le maire LR de cette municipalité voisine de Cannes interrogé par 20 Minutes. « Ce nouveau système, qui ne coûterait que quelques dizaines d’euros par boîtier, pourrait nous permettre d’identifier les palmiers au tout début de l’infestation quand les larves ne sont pas encore développées et qu’elles peuvent encore être éliminées », ajoute-t-il.
Un suivi transmis en temps réel
Concrètement, le détecteur, baptisé Rhynchotrack, « est implanté directement sur le stipe [faux-tronc] du végétal grâce à une visse conductrice de 20 cm de longueur », détaille la société mandelocienne Bioassays, qui développe cette innovation.
A l’intérieur de l’appareil, un « détecteur sismique ultrasensible aux mouvements de cisaillement des fibres internes du végétal par les larves permet une identification précoce de leur présence », précise encore l’entreprise. Connectés, les petits appareils sont capables de transmettre en temps réel leur alerte. « Ce qui nous permet une intervention rapide et efficace », avance le maire de Mandelieu.
« Que ce problème très grave soit traité avec le sérieux qui s’impose »
Un premier bilan de l’opération devrait être dressé après un premier trimestre d’utilisation « et s’il est concluant, nous pourrions lancer une campagne d’installation sur nos palmiers dès l’été prochain », explique Sebastien Leroy. « Certains ont décidé de se résoudre à perdre leurs palmiers, nous, nous préférons essayer d’autres moyens de lutter », conclut-il.
Dans un rapport publié mi-décembre,l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) estimait qu’il est désormais impossible d’éradiquer le charançon rouge du palmier sur le littoral français. « L’objectif réaliste le plus ambitieux serait de stabiliser la population du parasite », a conclu l’organisme. En raison d’un changement de réglementation au niveau européen, le ministère de l’Agriculture doit prendre un nouvel arrêté fixant les modalités de lutte.
Ce vendredi, le président du Collectif Méditerranée pour la sauvegarde des palmiers a réclamé « que ce problème très grave, non seulement en France mais aussi au niveau international, en particulier en Afrique du Nord, soit traité avec le sérieux qui s’impose ». Michel Ferry demande que « l’Anses et la Direction générale de l’agriculture organisent très vite une consultation ouverte aux principaux acteurs concernés ».